Originaire d’Amérique du Sud et introduite en France au XVIIIème siècle pour l’aménagement paysager, l’Herbe de la Pampa (Cortaderia selloana) a peu à peu envahi nos paysages. Encore très prisée pour ses qualités ornementales, elle représente pourtant une menace importante pour nos écosystèmes et notre santé.
En effet, cette grande graminée est une Espèce Exotique Envahissante pour sa capacité à coloniser les espaces naturels essentiels comme les zones humides, les prairies, voire les sous-bois. Elle s’observe aussi assez facilement en bord de route. En colonisant ces milieux, elle réduit la biodiversité, diminue la qualité fourragère et augmente les risques d’incendie tout en perturbant les paysages naturels.
Cette espèce a de grandes capacités de reproduction et de dispersion, chaque pied femelle adulte produit des millions de graines, qui peuvent être dispersés à des kilomètres par le vent. Les pieds mâles sont eux capables de produire des dizaines de millions de grains de pollen particulièrement allergènes pour les allergiques aux graminées, de plus en plus nombreux dans la population (21% de la population). Le pollen de Cortaderia provoque des réactions allergiques, rallongeant ainsi dans nos régions la période saisonnière d’allergie aux graminées de 2 à 3 mois (Rodriguez et al., 2021). Une préoccupation sanitaire s’ajoute donc à celle de l’impact négatif qu’elle fait subir à la biodiversité autochtone.
Cette espèce fait dorénavant officiellement partie de la liste des Espèces végétales Exotiques Envahissantes (EEE ou EVEE) du territoire métropolitain, cela signifie que la détention, la commercialisation, l’utilisation et l’introduction dans le milieu naturel de cette plante sont strictement interdites, conformément à l’arrêté du 02 mars 2023.
Face aux problèmes causés par cette espèce, une stratégie transnationale est à l’œuvre (projet LIFE Coop Cortaderia), dans laquelle chaque collectivité ou entreprise peut s’inscrire.
Si vous en possédez, arrachez-les si vous le pouvez ou coupez les inflorescences avant qu’elles ne répandent graines et pollen, et envoyez-les en déchetterie dans des sacs poubelle bien fermés en les jetant dans la benne à tout venant (et non déchet vert).
Vous pouvez également agir en signalant sa présence via la quête « ALERTE HERBE DE LA PAMPA », sur l’application mobile INPN Espèces, afin d’enrichir la donnée de localisation et permettre de tracer une cartographie actualisée de l’envahissement du territoire par cette plante invasive.
Et aussi, sensibilisez autour de vous à la nécessité d’intervenir !
A défaut d'arracher les pieds présents, ce que nous invitons la population à faire, les inflorescences (plumeaux) doivent être coupées dans les 3 semaines dès leur apparition, période qui correspond au délai nécessaire à la maturation des graines. Par ce geste simple, nous ralentissons la colonisation de la plante et surtout réduisons la période des allergies pour les gens sensibles et allergiques aux graminées (plus de 20 % de la population). La période de floraison s'étend de fin juillet à fin octobre.
Une fois coupées, elles doivent être placées dans des sacs bien fermés et être évacuées en déchetterie.
Il est impératif d'indiquer aux agents de votre déchetterie que l’herbe de la pampa est une espèce végétale invasive, afin qu'elle soit incorporée au tout-venant et non aux déchets verts.
Pourquoi on ne peut pas l'éliminer avec les déchets verts ?
Le compostage des parties reproductrices de l'herbe de la pampa, les panicules (ou plumeaux) nécessite des conditions techniques exigeantes, comme par exemple une température élevée (jusqu'à 80°C), que nous ne pouvons pas garantir. C'est pourquoi il est important de ne pas incorporer les sacs de plumeaux au compostage. Ces déchets peuvent être enfouis avec le tout-venant ou incinérés en valorisation énergétique par exemple, comme cela est fait par certains syndicats de gestion des déchets.